vendredi 11 janvier 2008

...La prostitution...

Crise politico-économique, Pauvreté et Déchirement des tissus sociales sont tous des facteurs importants qui peuvent nous permettrent d'expliquer et de comprendre l'ampleur désastreux que prend la prostitution à Lomé et dans plusieurs villes de la république togolaise. Dans un monde ravagé par le VIH-Sida et par les différents ITS, femmes comme enfants se voient être en danger. Rarement, ces femmes, jeunes filles et enfants exercent ce métier par choix, mais dans la majorité des cas, cela se voit être leur "seule" porte pour survivre dans ce monde. Le jour, elles sont des serveuses de bars, des coiffeuses, des couturières, des élèves, des étudiantes, de petites commerçantes, des ouvrières, des secrétaires...et le soir les voilà exercer la commercialisation du sexe.
Les enfants prostituées proviennent le plus souvent, des familles pauvres ou ont des parents irresponsables ou incapables de les contrôler. Et d’autres décident librement de faire ce travail. Beaucoup d’entre elles sont à la recherche de leur pain quotidien. Peu sont celles qui se prostituent par plaisir. Certaines prostituées racontent qu’elles cherchent de l’argent pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs familles. « Vous savez, vous ne pouvez pas comprendre, chaque matin, je donne une partie de ma quête à ma tante qui m’héberge chez elle …Je dois vivre aussi, et de la sueur de mes cuisses… » raconte une jeune femme.
Législation contre la prostitution au Togo:
"Les députés togolais ont adopté le 02 août 2005, à l’unanimité le projet de loi réprimant les auteurs et complices de traite des enfants au Togo.Selon cette loi, les auteurs et complices de trafics d’enfants sont passibles de peines allant de 6 mois à 10 ans de prison, et d’une amende de 500.000 à 10 millions de Francs CFA (de 762 à 15.244 euros). Le texte adopté par les députés compte 17 articles organisés en 5 chapitres. Cette loi définit comme enfant l’être humain âgé de moins de 18 ans alors qu’elle tient compte des moyens et manœuvres utilisés par le trafiquant et surtout de la finalité du déplacement de l’enfant.En ce qui concerne les personnes susceptibles d’être poursuivies et sanctionnées, le texte vise non seulement les recruteurs d’enfants mais également celles qui transportent, hébergent et utilisent ces enfants sans épargner les parents et tuteurs indélicats.Dans certains cas où la victime aurait moins de 15 ans ou que le trafic connaîtrait des situations aggravantes avec l’usage de la violence, de stupéfiants, d’arme, serait l’œuvre d’un groupe organisé, occasionnerait une sorte d’incapacité physique ou morale etc., les coupables seront passibles d’une peine de 5 à 10 ans de réclusion criminelle et d’une amende de 5 à 10 millions F CFA.Selon le texte voté par le parlement, la sortie du territoire national d’un enfant non accompagné de ses parents ou tuteurs est désormais subordonnée à la présentation d’une "autorisation spéciale dont les modalités sont fixées par décret en Conseil des ministres". Le trafic d’enfants a pris ces dernières années des dimensions inquiétantes dans plusieurs régions du Togo. Des parents démunis confient, pour 10’000 à 20’000 F CFA, leurs enfants à des "passeurs" qui prétendent prendre en charge leur éducation. Ces enfants sont ensuite vendus pour des sommes dix fois supérieures à de grands exploitants agricoles qui les utilisent comme de la main d’oeuvre à bon marché, notamment dans les plantations de cacao et de canne à sucre au Cameroun, au Gabon, en Côte d’Ivoire et au Nigeria. Certains d’entre eux sont utilisés comme domestiques ou exploités dans le cadre de la prostitution. « Ne croyez pas que la lutte est terminée, elle ne fait que commencer, notre engagement doit être intact » a lancé le ministre de la justice Me ABI Tchessa, à l’endroit de ses collègues et des décideurs politiques. Le président du parlement M. el Hadj Abass BONFOH a quant à lui plaidé pour la mise en œuvre d’une lutte concertée et transfrontalière en vue de venir à bout de ces actes « ignobles » et démanteler les réseaux internationaux qui les entretiennent. Selon les statistiques du ministère des Affaires sociales, environ 3’000 enfants victimes de ces trafics sont interceptés chaque année aux frontières togolaises, en partance pour d’autres pays. Des passeurs ou trafiquants d’enfants sont souvent arrêtés mais fautes de lois adéquates, ils sont relâchés après quelques temps en prison. Cet état de chose n’a pas vraiment permis de décourager ces personnes malintentionnées à qui ce commerce est très rentable.Dans le cadre de la lutte contre l’exploitation des enfants sous toutes ses formes, le gouvernement togolais a décidé de lutter contre la prostitution des mineures, pratique "dégradante qui porte atteinte à la dignité et à l’intégrité morale et physique" des jeunes filles, selon un communiqué officiel."Dans les rues et à certains endroits précis de nos villes et villages, surtout à la tombée de la nuit, nous voyons de plus en plus d’enfants, surtout des jeunes filles mineures, livrées aux trafics de toutes sortes et à la prostitution", précise le communiqué du gouvernement lu à la radio et à la télévision nationale. Les autorités ont procédé à des opérations de contrôle et d’interpellation dans certains quartiers où la prostitution des mineures est remarquable. En exemple le quartier DéKon, en plein centre ville où on peut voir des jeunes d’à peine 11-12 ans qui au rythme de la musique des débits de boissons ou autres maquis se déhanchent dans les rues, portant souvent des vêtements qui couvrent seulement la poitrine et des jupettes laissant apparaître le bas des fesses. « Certaines personnes âgées les adorent » affirme un habitant des environs qui explique « des personnes riches dans des voitures de luxes viennent négocier des faveurs sexuelles avec ces filles encore innocentes ».Les autorités togolaises ont déclaré s’engager à entamer le dialogue avec "toutes les composantes socioprofessionnelles et même les institutions internationales en vue de rechercher les voies et moyens de lutter efficacement contre ce fléau". La prostitution des mineures a pris ces dernières années des dimensions inquiétantes dans les principales villes du Togo, notamment dans la capitale Lomé.La nouvelle loi tombe à point pour enrayer ce fléau." http://www.cooperation.net/info/118757
"A Lomé, la répression ne décourage pas les prostituées mineures
(AFP, Lomé, Togo, 6 septembre 2006)
Mireille, 16 ans, s'approche d'une voiture arrêtée à un feu rouge, des biscuits à la main. Mais comme de plus en plus de mineures à Lomé, elle vend... autre chose, au risque de se faire coffrer par la police.
La prostitution des mineures a pris ces dernières années des proportions inquiétantes, au point qu'en août 2005, le gouvernement togolais a lancé une vaste campagne de rafles et des opérations "coup de poing" pour tenter d'assainir certains quartiers chauds de la capitale.
Il n'existe aucune statistique officielle sur le nombre de mineures prostituées, mais depuis trois ans, il est un fait que les petites maisons de passe se sont multipliées en ville.
"Depuis que nous sommes pourchassées par la police, je fais comme si je vendais des biscuits. Mes clients me connaissent et nous nous entendons très bien", assure Mireille, postée au bord d'un carrefour de Dékon, l'un des quartier populaires de Lomé.
A cause des rafles, Afi, 17 ans, a dû quitter "son" quartier. Avant, elle se vendait au "Dévissimè", le marché de prostituées mineures de Lomé. Comme bien d'autres, elle a dû plonger dans la clandestinité et joue aujourd'hui constamment à cache-cache avec la police.
Pour échapper à la misère et aux forces de l'ordre, les gamines se sont adaptées: certaines se cachent derrière de petits vendeurs ambulants, d'autres se font carrément passer pour des marchandes de tout et de rien aux abords des grands carrefours. "Je ne peux pas arrêter. Je suis orpheline, il n'y a que comme ça que je peux vivre et aider
mes petits frères", raconte Afi, assise devant un magasin d'électroménager à Dékon.
"C'est un +
job+ qui m'aide beaucoup, car tous mes parents sont au village. je gagne entre 1.000 et 2.500 FCFA" par jour" (1,5 à 3,8 euros), glisse Mireille, la jeune kotokoli (ethnie du nord du Togo).
Non loin d'elle, Anicette, mini-jupe et
tee-shirt très transparent, est assise à côté d'un ami qui tient une cabine téléphonique de rue. Elle n'a "jamais baissé les bras", dit-elle, malgré les menaces des autorités. "Je ne sais pas comment je pourrais vivre sans ça". Il existe bien une loi contre le trafic de mineures, mais les clients ne sont pas poursuivis car aucune loi n'interdit la prostitution au Togo.
Le gouvernement affirme qu'il est déterminé à combattre le phénomène. "C'est la pauvreté qui pousse ces jeunes filles à s'adonner à cette activité, mais nous n'allons pas brader nos enfants", affirme Christine Agnélé Mensah, la secrétaire d'Etat chargée de la protection des enfants et des personnes âgées.
"Nous avons écouté toutes les filles interpellées par la police, et nous sommes en train de prendre des mesures", affirme-t-elle tout en stigmatisant la responsabilité de certains parents dans ce "fléau" qui "gangrène notre société". Mais pour Henriette, responsable d'une ONG de défense des droits des femmes, la méthode des autorités "n'est pas la meilleure" car la plupart des filles qui sont interpellées sont relâchées rapidement et reviennent vite sur les trottoirs.
Selon elle, le gouvernement devrait changer de stratégie et travailler avec les ONG spécialisées pour mettre en place "un plan d'aide à nos soeurs qui s'adonnent à cette activité". Le drame social se double d'un grave problème sanitaire dans un pays d'environ 5 millions d'habitants et qui, selon le ministère de la santé, compte en 2006 quelque 120.000 séropositifs et affiche un taux de prévalence de 3,2%.
Les ONG tentent de faire prendre conscience du danger à ces jeunes prostituées, tandis que le Programme national de lutte contre sida a mené ces dernières années plusieurs campagnes de sensibilisation dans les écoles, les marchés et certaines places publiques
."

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